Comment mettre en place un référentiel BIM

Dans un projet de construction, la donnée est désormais aussi stratégique que le dessin ou le calendrier. Elle doit être fiable, traçable, partagée. La mise en place d’un référentiel BIM devient alors un enjeu central : sans référentiel clair, pas de gestion de l’information cohérente, pas d’interopérabilité possible, et très souvent, une perte de temps sur tout le cycle de vie.

Ce n’est pas un sujet réservé aux experts BIM ou aux donneurs d’ordres publics : toutes les organisations engagées dans une démarche de digitalisation doivent aujourd’hui penser structuration de données, standards, documentation partagée. Voici les éléments essentiels à maîtriser avant de mettre en place un référentiel BIM.

Clarifier l’objectif du référentiel avant de structurer les données

Avant toute chose, il faut poser les bonnes questions. Pourquoi mettre en place un référentiel BIM ? Quelle est la finalité pour l’entreprise ? S’agit-il d’harmoniser les pratiques internes, de répondre à des exigences clients et DOE, répondre à un enjeux de GMAO et d’exploitation, ou de mieux collaborer sur des projets multi-acteurs ?

Cette étape conditionne le niveau de détail à atteindre, les formats à utiliser, les outils à choisir, mais aussi les hiérarchies de données à mettre en œuvre. Une entreprise qui travaille sur de nombreux projets d’envergure internationale ne structurera pas ses données de la même façon qu’un acteur local intervenant en exécution.

Ce qui se passe quand le référentiel est absent… ou mal conçu

L’absence de référentiel BIM clair, ou une mauvaise structuration des données, conduit presque systématiquement à des dérives de projet.

Lorsqu’il n’existe pas de référentiel unique, chaque intervenant produit selon ses habitudes. L’information devient dispersée, non traçable, souvent redondante. Et lorsqu’il faut réinjecter les données dans un outil de GMAO ou un DOE numérique, tout est à refaire. En phase conception, il est plus difficile d’exploiter la maquette, d’extraires des données de quantités ou tout autres informations directement des modèles, ou encore de fusionnner et réunir plusieurs modèles en un sans rendre les informations inexploitables.

Un autre cas courant : un référentiel trop complexe, conçu sans lien avec la réalité du terrain, finit par être contourné. Les équipes modélisent chacune à leur manière, sans respecter les conventions établies. Au final, les livrables ne sont pas conformes, les données ne peuvent pas être exploitées, et les bénéfices attendus du BIM en matière de collaboration, de continuité et d’efficacité s’effondrent.

Adopter une logique de classification adaptée au contexte projet

La structuration des données n’est pas une question purement technique. Elle repose sur un arbitrage entre plusieurs types de hiérarchies : opérationnelle, fonctionnelle, géographique, par discipline ou par matériaux.

Certaines entreprises s’appuient sur un standard interne, développé sur mesure. D’autres choisissent des classifications normalisées comme UniFormat, MasterFormat, OmniClass, ou IFC pour favoriser l’interopérabilité entre logiciels et entre métiers.

Il est aussi fréquent de combiner plusieurs logiques, en fonction des étapes du projet. Un référentiel efficace est souvent modulaire, évolutif, et surtout documenté.

Intégrer le référentiel BIM dans les documents du projet

Un référentiel BIM n’existe pas isolément. Il est activé, diffusé et mis à jour à travers la documentation BIM du projet. Il s’ancre d’abord dans la charte BIM, puis se décline dans le cahier des charges BIM, la convention BIM, le protocole et enfin le plan d’exécution BIM.

À chaque phase du projet, les données se précisent. En conception, elles décrivent les propriétés attendues ; en exécution, elles sont enrichies par les fournisseurs ; en exploitation, elles doivent permettre le suivi et la maintenance. Le référentiel, s’il est bien structuré dès le départ, sert de fil conducteur tout au long du cycle de vie.

Implémenter un référentiel : méthode, outils, engagement

Une mise en œuvre réussie repose sur une démarche progressive. Démarrer avec un projet pilote permet d’ajuster les choix sans risques. L’interopérabilité doit être testée dès les premières phases, avec les outils réellement utilisés par les équipes. Il faut également prévoir une stratégie de conduite du changement, former les utilisateurs et garantir un support technique accessible.

L’implication des acteurs est une condition essentielle. Un référentiel conçu sans les métiers, ou sans retour terrain, sera ignoré. Il ne suffit pas de rédiger un document : il faut qu’il vive dans les outils, dans les modèles, dans les livrables.

Assurer le suivi et les mises à jour du référentiel mais figer le pendant le projet

Un bon référentiel BIM est vivant. Il doit être mis à jour régulièrement, en fonction des évolutions de normes, d’outils, de projets. Il doit intégrer les retours d’expérience, être versionné, et diffusé de façon claire aux intervenants.

L’usage d’une plateforme dédiée, comme Onfly, permet d’assurer cette gouvernance des données. Elle centralise et automatise les mises à jour. Mais l’outil seul ne suffit pas : une stratégie claire, des responsables identifiés et des indicateurs de suivi sont nécessaires.

Pour aller plus loin

Le livre blanc rédigé par Alexandra Petavridou, Customer Success Managerchez BIM&CO, détaille ces étapes, exemples à l’appui. Il s’adresse à tous les professionnels souhaitant structurer efficacement leurs données et mettre en place un référentiel BIM robuste.