Les familles de Revit pour le BIM

Rencontre avec Vincent Bleyenheuft, architecte, auteur et consultant BIM

Alors que notre petite norme gauloise XP P07 150 a fait route jusque Bruxelles pour prendre la place de référence européenne et que nos amis britanniques et norvégiens ont eux-mêmes contribué au niveau CEN avec la Product Data Template, aujourd’hui c’est Vincent qui fait le déplacement depuis la Belgique pour nous présenter son tout premier livre basé sur l’objet BIM. 

L’objet BIM est en train de prendre une place prépondérante dans l’univers du BIM. A l’heure du numérique, ce réel outil du BIM modeler vient se substituer au vétuste crayon de l’architecte pour se porter garant des concepts innovants de la maîtrise d’oeuvre et des exigences de la maîtrise d’ouvrage.

Pour être à la hauteur des objectifs du secteur du bâtiment et faire face à la complexité des acteurs qui le composent, cet outil du BIM modeler doit être conçu dans le but de conserver une unicité de l’information tout au long du projet en pensant la donnée des produits de manière interopérable. La maîtrise des logiciels et de leur fonction d’éditions est une des clés de réussite.

En tant qu’architecte de formation, pourquoi as-tu fait le choix de te spécialiser dans le BIM ?

Au départ, ça n’a pas été véritablement un choix pour moi. Quand j’ai décidé, il y a 10 ans, de changer d’outils de CAO (Revit), je ne pensais pas mettre définitivement un pied dans le BIM. Assez rapidement, j’ai pris conscience que ce simple changement d’outil ouvrait de nouvelles perspectives en matière de méthodes de travail pour l’architecte que je suis.
J’y ai vu deux avantages majeurs, qui sont d’ailleurs intimement liés : 

– une vraie collaboration pluridisciplinaire 
– la promesse d’une diminution drastique des erreurs dans la conception et la réalisation des bâtiments.

Dès 2011, alors que le BIM n’était connu en France que dans des cercles très restreints, j’ai commencé à en faire la promotion autour de moi en tentant de convaincre mes partenaires habituels (bureaux d’études) de passer au BIM, comme moi. Face à des refus systématiques, j’ai pris la décision d’intégrer en interne des compétences pluridisciplinaire. J’ai commencé par les fluides et la thermique fin 2012 et l’économie en 2014.
Le BIM est une réelle opportunité pour que les architectes puissent reprendre ce leadership qu’ils ont perdu au sein des équipes de maîtrise d’œuvre.

Tu es spécialiste des familles Revit. Quelle est l’importance des objets BIM dans le processus BIM et quels sont les points de vigilance ?

Les objets BIM sont d’une importance cruciale. Pour la petite anecdote, j’ai longtemps hésité lorsqu’il a fallu choisir un nouvel outil 3D de CAO. Pourquoi Revit ? J’ai été attiré par sa capacité à créer des objets BIM personnalisés, les familles. Donc, pour moi, depuis toujours, cette notion d’objet BIM a été au centre de mes préoccupations en matière de création de maquette numérique.Qu’en est-il maintenant dans le BIM en général ? Après les premières années de découverte de la maquette numérique, depuis maintenant deux ans environ, tous les acteurs du BIM se rendent compte de l’importance des objets BIM, en tant que briques fondamentales de la maquette numérique. N’oublions pas que les objets BIM sont les principaux contenants des informations que doivent contenir les maquettes.
Mais attention, il ne suffit pas de remplir d’objets BIM la maquette. Il faut que le comportement de ces objets BIM soit pertinent pour les utilisateurs et surtout, qu’ils contiennent les bonnes informations, mises en forme correctement. C’est pour aider les utilisateurs de Revit à atteindre ces objectifs majeurs, que j’ai décidé d’écrire un livre sur les familles.

Ton nouveau livre sort aujourd’hui. A qui est-il destiné ?

Mon livre s’adresse à tous les utilisateurs de Revit quel que soit leur métier. Il s’adresse naturellement aux architectes qui ont probablement le plus de besoins en matière de création d’objets BIM personnalisés. Il sera aussi utile aux projeteurs et ingénieurs des disciplines de la structure et des fluides, à qui un chapitre respectif leur est dédié. Si tout le monde dans une entreprise n’a pas vocation à devenir un spécialiste d’objets BIM  paramétriques, il est important que chaque utilisateur Revit connaisse les techniques de modélisation des familles, afin de les exploiter correctement.
Enfin, le livre sera indispensable aux créateurs professionnels d’objets BIM, les modeleurs de BIM&CO par exemple. Ces derniers y trouveront en plus des techniques de modélisation, des approches spécifiques métier qui les renseigneront sur les attentes des professionnels du BIM, à qui ils s’adressent.
Concernant les prérequis, s’il vaut mieux ne pas être totalement débutant dans Revit, il n’est pas nécessaire d’être un expert pour autant.

Une grande partie de ton ouvrage se focalise sur des cas pratiques. Pourquoi avoir fait ce choix de la mise en situation ?

Deux tiers de mon ouvrage abordent les règles de modélisation des familles à travers 17 exercices pratiques. En matière de création de familles, s’il est nécessaire d’acquérir un minimum de notions théoriques, c’est vraiment par la pratique qu’on acquiert les bonnes méthodes. Il y a tellement de cas de figures différents quand on crée des objets BIM, que 17 exercices me semblaient être un minimum pour aborder toutes les techniques qui régissent la création des familles.

Comment as-tu découvert la plateforme BIM&CO ? Quels sont, d’après toi, ses points forts ?

C’est via les réseaux sociaux et suite à des discussions sur les objets BIM auxquelles j’avais participé, que je suis rentré en contact avec Baptiste Mullie (CTO BIM&CO). Lors d’une entrevue fort intéressante, il m’a présenté en détail les fonctionnalités de la plateforme BIM&CO. J’ai ensuite été chargé de perfectionner la formation des équipes techniques de BIM&CO dans la création avancée des familles Revit. Ce fut une expérience très enrichissante pour moi.
Concernant les points forts, le premier d’entre eux réside dans la nature même de la société BIM&CO qui fonctionne comme une start-up. Le profil des employés y est très varié (ingénieurs, architectes, informaticiens, modeleurs 3D), les échanges internes sont constants et les idées fusent sans arrêt. J’ai eu l’occasion de le constater moi-même quand je formais les équipes. Cela se ressent dans la grande richesse des fonctionnalités de la plateforme qui s’adapte très rapidement aux besoins des utilisateurs.
Ensuite, LE point fort stratégique est selon moi d’avoir dès le départ, décidé de séparer la gestion de la géométrie des objets BIM et les informations qu’ils contiennent. C’est ce qui permet à tout utilisateur de la plateforme de « matcher » les propriétés de ses objets BIM (les paramètres pour des familles Revit) avec tous les répertoires formalisés de propriétés (IFC, UNIFORMAT, AIMCC, …).
Enfin, le troisième point fort est l’aspect collaboratif et participatif rendu possible par la plateforme cloud de BIM&CO. 

Chez CAD@work vous proposez des formations BIM, mais pas seulement ! Quels sont les services sur lesquels on peut vous solliciter ?

La formation constitue actuellement la partie la plus importante de l’activité de CAD@work mais ce n’est que le reflet de la situation actuelle du BIM en France : le BIM est encore fortement en cours d’adoption auprès des acteurs concernés. La formation est également l’aspect que je préfère de mon activité de conseil, car j’éprouve une grande satisfaction personnelle à transmettre un savoir.L’autre volet important, c’est le BIM management de projets au sein des équipes de maîtrise d’œuvre. Nous traitons actuellement plusieurs projets en BIM management dont les plus avancés sont :

– La construction des nouvelles Archives départementale de l’Isère
– La construction du Castorama de Mérignac, en Gironde

Nous avons également de plus en plus de demandes de mission d’AMO BIM de la part de MO institutionnels, tel que des bailleurs sociaux.

Comment envisages-tu l’avenir du BIM ? Comment favoriser son adoption par les architectes, qui sont aujourd’hui encore assez réticents ?

S’il y a quelques années, certains voyaient encore le BIM comme une « bulle » technologique éphémère, aujourd’hui, je pense que plus personne ne nierait la pérennité de ce phénomène dans le domaine de la construction des bâtiments. On voit aujourd’hui d’ailleurs s’étendre le domaine du BIM en dehors du bâtiment et toucher les infrastructures. Certains prédisent même la convergence des SIG et du BIM à l’échelle du territoire.
Nous sommes encore actuellement en phase de migration au BIM pour les principaux acteurs du bâtiment. Les architectes ne sont pas les derniers dans l’adoption du BIM, mais ils sont ceux qui font preuve des plus importantes réticences irrationnelles face au BIM. Beaucoup pensent que le BIM va les déposséder de leur maîtrise de la conception. Or, c’est bien tout le contraire, tout dépend de ce qu’ils feront du BIM.
Les organisations syndicales et professionnelles doivent activement prendre part à « l’évangélisation » du BIM auprès de leurs membres. Il faut faire comprendre aux architectes que grâce au BIM, ils collaboreront mieux et feront moins d’erreurs. Un BIM bien maîtrisé permet d’automatiser des taches qui étaient auparavant très fastidieuses,  et ainsi de libérer du temps pour l’amélioration de la conception.

Merci d’avoir répondu à nos questions ! Encore toutes nos félicitations pour la parution de ton livre, nous lui souhaitons le plus grand des succès !

Vous pouvez retrouver « Les familles de Revit pour le BIM » de Vincent Bleyenheuft sur le site de la Fnac ou sur Amazon.