Le BIM, une opportunité pour le Fabricant de renforcer sa position dans la chaine de valeur.

« Une meilleure intégration des fabricants dans la chaîne de valeur est essentielle pour mieux concevoir chaque projet. »

Si certains fabricants peinent encore à se laisser séduire, le BIM s’impose néanmoins comme la nouvelle technologie de référence dans le bâtiment. Elle apporte beaucoup d’opportunités pour les fabricants en les rapprochant des autres acteurs de la chaîne de valeur. Entretien avec Baptiste Mullie, CEO de BIM&CO.

Quelle est votre vision du BIM, notamment pour le fabricant ?

Chez BIM&CO, nous pensons que le futur de l’industrie du bâtiment vient d’une meilleure collaboration entre tous les acteurs. Pour livrer des bâtiments de meilleure qualité, plus durables, pour construire plus rapidement et entretenir ces édifices à faible coût, la chaîne de valeur doit parfaitement se mettre en place.

Concrètement, le BIM c’est une méthode de travail : elle permet de travailler de manière collaborative autour d’une maquette numérique. C’est l’atout principal dont le secteur du bâtiment dispose pour améliorer la collaboration entre tous les acteurs du projet.

Avec le BIM, le fabricant peut être beaucoup plus impliqué dans la réalisation du projet et dans son exploitation. Il est davantage intégré à la chaîne de valeur du bâtiment en étant également plus proche des entreprises du bâtiment et peut ainsi avoir de meilleurs retours sur ses produits.

Quel est le stade de maturité du BIM pour le fabricant ? 

Tout d’abord, il faut savoir que le BIM évolue continuellement. Chaque jour, de nouveaux usages se créent. D’autre part, il y a différents niveaux de maturité dans le BIM, c’est-à-dire que tous les acteurs impliqués sur un projet de construction ne sont pas au même niveau.

La difficulté pour un fabricant est de réussir à passer d’un système de partage de fichiers (ce qui se passait, et qui se passe encore aujourd’hui, en CAO ) à un système d’échange de données, sans rupture. À l’heure actuelle, nous sommes donc encore au premier niveau du BIM pour le fabricant. Un fabricant mal accompagné ou mal renseigné ne comprendra pas que l’intérêt du BIM, c’est d’aller au-delà de la modélisation et de la diffusion de fichiers.

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Cette méthode de travail va en effet bien au delà ! Le BIM est une formidable occasion de créer de la valeur. On parle pour un fournisseur d’avoir un suivi de son produit dans plusieurs projets lui permettant de collecter des informations qui peuvent lui être très utiles, telles que des problèmes de mise en service, d’installation ou encore d’exploitation. Quelle est la durée de vie réelle de mes produits ? Le BIM génère des connaissances sur le cycle de vie du bâtiment et le fabricant doit pouvoir accéder à ces informations.

Que diriez-vous de la place du fabricant dans la chaîne de valeur du bâtiment aujourd’hui ?

Tout d’abord je voudrais faire un parallèle avec un autre secteur. Dans l’industrie, cette collaboration entre les industriels et leurs fournisseurs est déjà bien avancée et passe par une communication plus étroite et plus digitalisée entre ces deux acteurs.

C’est en standardisant les pièces fournisseurs utilisées et en possédant leurs caractéristiques détaillées que les équipes de Michelin peuvent par exemple optimiser la conception et la maintenance de leur chaîne de production. Il est alors possible de tester, remplacer, simuler et améliorer les assemblages et les machines grâce à la connaissance parfaite des composants du systèmes. Ce savoir est partagé par les fabricants à leurs clients avec des technologies telles que Traceparts.com.

Avec le BIM, une opportunité s’offre aux fabricants de prendre cette place, au plus proche des entreprises du bâtiment et de leur donner les clefs pour qu’ils conçoivent mieux leurs projets et les exploitent mieux.

Avec le BIM, quel doit être la place du fabricant dans la chaîne de valeur du bâtiment ? 

Dans le bâtiment, la conception est très complexe et change quasiment à chaque projet. Pour tout nouveau projet, chaque assemblage structure, mécanique, aéraulique, électrique ou thermique est nouveau à chaque réalisation, et constitue un tout très complexe. De plus, les normes, les réglementations, les exigences de qualité, de confort changent selon chaque pays et chaque standard (normes environnementales, qualité, incendie…) rendant la tâche spécifique et compliquée.

Les produits ou les équipements des fabricants sont au cœur des bâtiments. Le choix des produits découle des exigences des projets. Les données des produits doivent ensuite pouvoir être interprétées et intégrées dans les nombreux logiciels utilisés par les entreprises. En phase d’exploitation, les équipements doivent ensuite être gérés par les entreprises pour optimiser leur durée de vie.

Une meilleure intégration des fabricants dans la chaîne de valeur est donc essentielle pour mieux concevoir chaque projet. C’est aussi essentiel pour pouvoir répondre aux enjeux de qualité et de durabilité auxquels le secteur du bâtiment doit répondre. C’est un défi et une nécessité qui devront être relevés par les entreprises et leurs fournisseurs, main dans la main.

Comment le fabricant peut-il prendre cette place qui lui est due dans la chaîne de valeur ?

Tout d’abord, les répliques numériques des produits, comme les objets BIM ou les PDS (Product data set, utilisés entre les distributeurs et les fabricants) sont nécessaires et constituent la première étape. Ils permettent la standardisation des échanges – mais encore faut-il que les logiciels puissent accéder et interpréter ces informations. Aujourd’hui, pour les objets BIM, les données ne sont pas standardisées.  Il faut donc aller plus loin en apportant des solutions d’échanges de données. On passe ainsi d’une dynamique d’échange de fichiers à une dynamique d’échange de données.

De quoi les entreprises ont-elles besoin? 

L’entreprise ne va pas utiliser un plug-in par fournisseur pour pouvoir accéder à leurs objets BIM et à leurs données… Souvent, l’entreprise n’est pas satisfaite des objets que les fournisseurs proposent sur de nombreuses plateformes en ligne : ils sont trop lourds, trop détaillés, ils ont trop de paramètres qui sont toujours différents… les fabricants doivent donc intégrer les processus et les outils qui vont leur permettre de collaborer avec les entreprises. Si par exemple chaque entreprise a construit sa propre bibliothèque d’objets ou construit son propre référentiel de données, en tant que fabricant, il faut que je puisse m’adapter à ces méthodes.

C’est tout ce que nous avions à cœur lorsque nous avons imaginé Onfly : c’est en rendant l’échange de données produit possible et en faisant évoluer les pratiques vers une meilleure collaboration fournisseurs / entreprises, que nous pouvons proposer aux fabricants une place de choix dans la chaîne de valeur du bâtiment.

Quels conseils donneriez-vous à un fabricant ?

Il faut ambitionner d’être autonome autant que possible. Les objets seront utilisés par de plus en plus de métiers, il faut donc pouvoir mettre à jour ses objets BIM sans toujours passer par un tiers. Il faut pouvoir enrichir facilement les données disponibles dans lesdits objets BIM et ainsi être en mesure de répondre aux besoins de ses clients. Interconnecter son PIM à ses objets BIM est une autre étape à prévoir à terme.